Francis Scarpaleggia
Francis Scarpaleggia
Député de Lac-Saint-Louis
Discours : la pollution plastique dans l'eau
03 décembre 2018

Monsieur le Président, je suis très heureux de me lever à la Chambre ce matin pour discuter de la motion. Comme cela a déjà été dit, le gouvernement va appuyer la motion.

Durant les années 1950 et 1960 a eu lieu un chapitre important de la révolution industrielle. En effet, l’industrie pétrochimique a commencé à développer la technologie des plastiques. Les produits faits de plastique ont envahi les marchés peu après. Depuis, comme on l’a déjà mentionné, la production des produits de plastique a devancé celle de presque tous les autres produits.

Comme l’a déclaré Erik Solheim, ancien directeur du Programme pour l’environnement des Nations unies: « Le plastique est une matière miracle. Grâce au plastique, le secteur de la santé a pu sauver d’innombrables vies, la croissance du secteur énergétique a été grandement facilitée, notamment pour ce qui est des éoliennes et des panneaux solaires, et l’entreposage sécuritaire des aliments a connu une véritable révolution. »

Il y a toutefois un revers à cette médaille, comme d’autres députés l’ont souligné durant le présent débat. Je vais moi aussi donner quelques exemples. Environ neuf millions de tonnes de plastique entrent chaque année dans les Grands Lacs. Les emballages de plastique comptent pour près de la moitié des déchets de plastique dans le monde et la plupart sont jetés quelques minutes après leur utilisation. L’Amérique, le Japon et l’Union européenne sont les plus gros producteurs de déchets d’emballage de plastique par habitant. Seulement 9 % des neuf milliards de tonnes de plastique produites jusqu’à présent dans le monde ont été recyclés. Enfin, si la tendance se maintient en matière de consommation et de gestion des déchets, il y aura environ 12 milliards de tonnes de déchets de plastique dans les sites d’enfouissement et dans l’environnement d’ici 2050.

La pollution par le plastique est un fléau environnemental issu du miracle de la pétrochimie. Ce fléau représente un défi monumental pour notre monde. Or ce n’est rien de nouveau. En matière d’environnement, les défis sont toujours forcément de taille.

Cependant, il y a de l’espoir. Pour paraphraser Erik Solheim, l’ancien directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement, la bonne nouvelle, c’est qu’un nombre croissant de gouvernements passent à l’action face à la pollution par le plastique, offrant ainsi la preuve que tous les pays, qu’ils soient riches ou non, peuvent faire leur part et devenir des leaders sur le plan environnemental.

Je vais donner l’exemple du Rwanda. Le Rwanda n’est pas un pays riche, évidemment, mais il a apparemment surpris le monde entier, en 2006, lorsqu’il a interdit les sacs en plastique.

Tous les pays peuvent jouer un rôle constructif en la matière.

La motion M-151 attire l’attention sur les engagements et les réalisations du Canada à l’égard de la lutte contre le fléau de la pollution par les plastiques. La motion exhorte le gouvernement à lutter contre la pollution par les plastiques à l’intérieur et en périphérie des milieux aquatiques, notamment en mettant en place une réglementation visant à réduire l’utilisation industrielle de microplastiques et l’utilisation industrielle et de consommation des plastiques à usage unique, y compris, sans doute, ceux qui figurent dans la liste des substances d’intérêt prioritaire de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. Par ailleurs, la motion propose un financement annuel pour des projets d’initiative citoyenne et des campagnes d’éducation et de sensibilisation.
Des exemples de ces initiatives citoyennes ont été cités au cours du présent débat.

Je voulais intervenir dans le débat d’aujourd'hui sur cette motion en grande partie parce que je m’intéresse aux politiques relatives aux eaux depuis mon premier mandat de député. Je crois que les eaux doivent être au cœur de nos priorités en matière d'environnement, dans la mesure où les eaux sont liées à deux des problèmes environnementaux qui sont au centre des préoccupations dans le monde entier, c’est-à-dire les changements climatiques, qui augmentent la fréquence et l’intensité des inondations et des sécheresses, et la pollution chimique, qui a des conséquences pour la santé humaine et la salubrité de l’environnement, et qui se propage dans les cours d’eau. Ensemble, ces deux problèmes touchent respectivement la quantité et la qualité des eaux.

Lorsque je pense à l’eau, deux citations d’une grande sagesse me viennent à l’esprit. La première, attribuée à Thalès de Milet, dit que « l’eau est le principe de toutes choses ». La deuxième, qui provient de Rachel Carson, dit ceci: « À une époque où l’homme a oublié ses origines et fermé les yeux sur les besoins les plus essentiels à sa survie, l’eau et d’autres ressources sont devenues les victimes de son indifférence. »

La politique relative aux eaux comporte plusieurs volets, et la motion M-151 s’intéresse à un des très importants aspects de ladite politique. Celle-ci est complexe non seulement parce qu’elle comporte plusieurs volets, mais aussi parce qu’elle concerne différents gouvernements. La question de la lutte contre la pollution par le plastique renvoie à cette complexité intergouvernementale, puisque de très nombreux ordres de gouvernement doivent être consultés, y compris à l’échelle internationale, si nous voulons enregistrer de vrais progrès dans ce domaine.

Le gouvernement a déjà pris d’importantes mesures pour contenir ce fléau que constitue la pollution de l’eau par le plastique. Lors du plus récent sommet du G7 dans Charlevoix, c’est le Canada qui a été l’instigateur de la Charte sur les plastiques dans les océans. La Charte engage le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Europe à adopter une approche globale de gestion du cycle de vie des plastiques, notamment en tentant d’augmenter le recyclage et les efforts de sensibilisation du public en la matière ainsi qu'en investissant dans la recherche pour essayer de trouver autre chose pour remplacer les plastiques utilisés aujourd'hui, comme des bouteilles d’eau organiques, qui ne s’avèrent pas néfastes pour l’environnement. J’ai vu, récemment, une bouteille d’eau complètement biodégradable, et c’est peut-être cela le futur en matière de d’eau embouteillée. La Charte engage les signataires à investir dans la recherche et le développement, dans des technologies, par exemple, qui débarrassent les eaux usées et les boues d’épuration des plastiques, microplastiques ou autres.

De toute évidence, la pollution par le plastique ne concerne pas seulement les océans. Elle concerne aussi l’eau douce, puisque cette dernière transporte les polluants, y compris le plastique, jusqu’aux océans. Cette prise de conscience a donné naissance à des initiatives telles que NextWave, une coalition non gouvernementale fondée par des entreprises, dont Dell, ainsi qu’un groupe environnemental appelé Lonely Whale, qui emploie des habitants des régions côtières pour recueillir les plastiques jetés à moins de 30 miles d'un cours d’eau ou d'une étendue d’eau pour éviter qu’ils ne se retrouvent à la mer. Jusqu’à présent, NextWave se concentre sur deux types de plastique que l’on retrouve couramment dans les milieux marins, le nylon 6 et le polypropylène.

Récemment, la société HP a annoncé qu’elle se joindra à la coalition NextWave. D’ailleurs, depuis 2016, HP, en collaboration avec des citoyens d'Haïti, a recueilli un total de 550 000 livres de plastiques qu’elle utilise pour créer des cartouches d'encre.

La Charte sur les plastiques dans les océans demande notamment l’intervention directe du gouvernement pour réduire l'utilisation de microplastiques. Je crois que le secrétaire parlementaire du ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne a mentionné que le gouvernement a interdit la fabrication, l’importation et la vente de la plupart des articles de toilette contenant des microbilles de plastique. Cette interdiction est entrée en vigueur le 1er juillet et s’applique à tous les articles de toilette contenant des microbilles de plastique, à l’exception des produits de santé naturelle et des médicaments vendus sans ordonnance. Cependant, à compter du 1er juillet 2019, elle s’appliquera aussi aux produits de santé naturelle et aux médicaments vendus sans ordonnance.

Toutefois, pour faire des progrès sur de nombreuses questions de politique publique dans une fédération comme le Canada, il doit y avoir collaboration entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux. C’est pourquoi, vendredi il y a deux semaines, les ministres de l’Environnement fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu d’oeuvrer vers l’atteinte d'un objectif commun, soit éliminer complètement les déchets de plastique, dans le cadre d’une stratégie nationale de lutte contre la pollution par les plastiques qui s’harmonise avec la Charte sur les plastiques dans les océans. Comme on peut le lire dans le communiqué du Conseil canadien des ministres de l’Environnement, « protéger notre environnement terrestre et aquatique de la pollution par le plastique est crucial pour la santé des écosystèmes d’eaux douces et est essentiel étant donné que l’eau et les déchets se déversent directement dans les océans. »

Enfin, il ne faut pas oublier la nécessité d’intervenir à l’échelle locale. D’autres députés ont parlé, au cours du présent débat, des nombreuses initiatives organisées par des résidants qui se réunissent de leur plein gré pour nettoyer les berges. J’aimerais maintenant saluer les membres du conseil jeunesse de Lac-Saint-Louis ainsi que les autres jeunes qui se sont joints à moi le 8 septembre dernier pour recueillir les débris de plastique sur les rives du fleuve Saint-Laurent, dans la partie sud-ouest de ma circonscription.

Heureusement, les administrations municipales réussissent à préserver les berges de la pollution, mais nous avons tout de même trouvé des articles de plastique, notamment des sacs et des bouteilles en plastique, du polystyrène et des filtres de cigarette. Si tout le monde y met du sien, les gouvernements, les organismes non gouvernementaux et l’industrie, et si les citoyens participent aux efforts, je crois que nous pouvons faire beaucoup de progrès dans la lutte contre ce fléau.

 

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