Francis Scarpaleggia
Francis Scarpaleggia
Député de Lac-Saint-Louis
Discours : réponse au discours du Trône
01 octobre 2020

Monsieur le Président, c’est un plaisir de prendre la parole aujourd’hui au sujet du discours du Trône. En regardant autour de moi, je vois à quel point les choses ont changé depuis février et mars, à l’arrivée de la pandémie. Comme la prudence était de mise, nous avons dû modifier nos façons de faire.

Je ne qualifierais pas cette pandémie de période d’ajustement, de nuisance, ni d’inconvénient, même si elle a ces conséquences sur nous au quotidien. Ce n’est pas un choc économique comme celui des années 1970 avec la hausse du prix du pétrole. Il serait plus juste de parler de « perturbations » pour la période que nous vivons actuellement. J’entends par là que la pandémie entraînera un changement transformationnel dans notre société de la même façon que l’a fait la Deuxième Guerre mondiale. Comme nous le savons, la Deuxième Guerre mondiale a été suivie d’un baby-boom, d’un développement économique et technologique, de la production de masse, de l’essor de la télévision, de l’expansion des banlieues, d’une nouvelle culture de consommation qui a stimulé l’économie, de la naissance de la culture de la jeunesse et de la course vers la lune. Nous vivons un moment charnière de l’histoire, tout comme l’a été la Deuxième Guerre mondiale.

Nous sommes arrivés à un moment charnière et je n’ose pas prédire les répercussions à long terme de cette pandémie. Je ne suis pas Alvin Toffler, l’auteur du fameux livre Le choc du futur, mais j’ai quelques idées que je pense réalistes.

Par exemple, je crois que nous allons dorénavant mettre une plus grande priorité sur la famille, la collectivité et le voisinage. Nous allons nous préoccuper davantage de nos aînés. Il y aura peut-être un intérêt accru pour les professions médicales ou dans le domaine des soins.

Nous allons peut-être aussi reconnaître davantage les bienfaits de la nature. Nous tenions pour acquis le fait que nous pouvions faire une promenade, mais nous nous sommes tout à coup rendu compte que ce n’était pas tout à fait le cas et qu’il fallait faire attention. C’est désormais un grand plaisir pour nous d’aller nous promener dans un parc ou de profiter de cette liberté que nous avions toujours considérée comme acquise.

Nous allons peut-être voir le filet social d’un nouvel œil parce nous avons constaté à quel point nous devions nous entraider. Cette entraide se fait par l’entremise de programmes sociaux comme ceux que nous avons annoncés au cours de cette pandémie. Nous allons aussi peut-être reconnaître qu’il est très facile de tomber dans la détresse financière. Même si nous avons une vie où tout va bien, nous pouvons tout à coup faire face à de graves difficultés financières sans que ce soit de notre faute. Nous entrons en quelque sorte dans une nouvelle société.

Le discours du Trône et le projet de loi C-4 reconnaissent que nous vivons un moment de transformation. Ils visent à assurer que les Canadiens ne seront pas laissés pour compte par cette transformation et même qu’ils évolueront en même temps qu’elle s’opérera grâce aux mesures de soutien nécessaires au maintien de notre niveau de vie et d’une économie prospère. Il y a notamment des investissements dans les technologies vertes et même dans les technologies bleues, puisqu’il était question de l’eau dans le discours du Trône, un sujet qui m’intéresse depuis longtemps.

Le discours du Trône est visionnaire, parce qu’il comprend à la fois des éléments à court terme et des éléments à long terme. Il annonçait une série d’objectifs et de cibles pour nous faire entrer dans cette nouvelle ère dotés des bonnes politiques dans tous les secteurs pertinents.

La Seconde Guerre mondiale a eu des conséquences désastreuses sur les finances. De la même manière, la pandémie actuelle a changé la donne financière pour tous les gouvernements, pas seulement ici au Canada, mais également partout sur la planète. Il est certain que les Canadiens s’inquiètent des impacts financiers de la pandémie. Quand je parle aux gens de ma circonscription, ils me posent des questions sur le déficit et sur la dette. Cependant, je crois qu’il convient de prendre un peu de recul, sans minimiser ou rejeter du revers de la main ces enjeux, afin de pouvoir avoir une discussion éclairée sur la meilleure voie à suivre.

Il devrait y avoir un déficit en 2021. Nous avons dit qu’il serait de 343 milliards de dollars, mais le directeur parlementaire du budget n’était pas d’accord avec nous et il a plutôt parlé de 328 milliards de dollars. Aucun député ne pourra dire que le gouvernement tente d’embellir les chiffres.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le ratio de la dette par rapport au PIB était de 100 % et le ratio déficit-PIB, de 21 %. Aujourd’hui, le directeur parlementaire du budget prévoit que le ratio dette-PIB sera inférieur à 50 %. À combien s’établissait le même ratio à la fin du règne du gouvernement conservateur de Mulroney? À 66 %. Il faut donc absolument mettre les choses en perspective.

Nous savons qu’il existe une règle qui nous a été enseignée par les peuples autochtones. C’est la règle des sept générations, et elle s’applique généralement aux décisions qui ont une incidence sur l’environnement. Selon la règle, si nous posons un geste qui a des répercussions sur l’environnement, nous devons penser aux sept prochaines générations pour voir comment cette décision se répercutera sur l’environnement pour les sept prochaines générations. J’estime que nous devrions également appliquer cette règle à nos décisions financières.

Quelle sera l’incidence des décisions financières que nous prenons aujourd’hui sur les générations futures? Nous parlons beaucoup des générations futures dans le contexte du déficit budgétaire. Réfléchissons un instant. Que serait-il arrivé si nous n’avions pas pris les mesures que nous avons prises? Quelle aurait été l’incidence sur les générations futures? Qu’est-ce que cela aurait signifié pour la jeune personne qui n’aurait pas pu démarrer sa carrière, trouver un emploi ou gagner de l’argent pour payer ses études? Ces jeunes formeraient ce qu’on appelle une génération perdue. Nous avons bien de la chance de traverser une période de l’histoire où les taux d’intérêt sont très bas et, s’ils le restent et que le taux de croissance les dépasse, nous serons en mesure de réduire le déficit.

J’aimerais citer ce que Michael Smart a dit dans un article du Globe and Mail concernant la relation entre les taux de croissance économique et les taux d’intérêt:

Par le passé, après d’importantes crises économiques, la croissance économique a dépassé les taux d’intérêt pendant plusieurs décennies d’affilée, ce qui a permis aux anciens gouvernements de réduire graduellement la dette sans que les Canadiens en souffrent indûment. En fait, sur le plan historique, la crise financière de la fin des années 1980 et du début des années 1990 était une aberration — la seule période depuis 1900 où les taux d’intérêt ont dépassé les taux de croissance sur une longue période.

Je sais que, de l’autre côté de la Chambre, les députés essaient de faire croire aux gens que la situation est désastreuse et que le pays est au bord de la ruine, mais qui doit-on croire? Un parti qui invente un désastre de toutes pièces pour faire des gains politiques ou les personnes qui se spécialisent en économie, qui injectent des milliards de dollars dans l’économie, qui surveillent les moindres faits et gestes du gouvernement et qui, au premier signe de mauvaise gestion financière, fuiront les marchés et baisseront la note de crédit du Canada? Doit-on les écouter, elles, ou les conservateurs?

Voyons plutôt ce que ceux qui ont fait de l’économie leur métier et qui scrutent à la loupe les décisions économiques des gouvernements pensent du Canada. L’extrait suivant est tiré du site Bloomberg News et il vient de la firme Standard and Poors:

Même si, en chiffres, l’ampleur sans précédent des mesures prises par le gouvernement fera augmenter les déficits et la dette, nous sommes d’avis qu’en exerçant sa marge de manœuvre financière, le gouvernement favorisera vraisemblablement la reprise de l’économie et du marché du travail. La déviation essentiellement temporaire du profil budgétaire du gouvernement ne suffit pas, selon nous, à compromettre les atouts structurels du Canada en matière de crédit.

Je n’ai rien à ajouter.

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