Francis Scarpaleggia
Francis Scarpaleggia
Député de Lac-Saint-Louis
Discours : Réponse au Discours du Trône (changements climatiques et sécurité hydrique)
31 janvier 2022

Madame la Présidente, je tiens d’abord à souligner que je prends la parole depuis le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.

J’aimerais également remercier les électeurs de Lac-Saint-Louis de m’avoir élu de nouveau pour les représenter dans la capitale nationale et faciliter leurs démarches auprès du gouvernement fédéral. Je tiens à saluer le rôle très important que jouent les membres de mon personnel à cet égard. Ils font un travail admirable qui rejaillit sur mon bureau et sur moi en tant que parlementaire et candidat aux élections.

Je suis particulièrement heureux de me trouver en personne ici, sur la Colline, aujourd’hui, le 31 janvier.

Je me souviens que, vers 2002 ou 2003, j’étais sur la Colline non pas en tant que représentant élu, mais à un autre titre. L’un des débats centraux à l’époque était de savoir si nous devions ratifier le Protocole de Kyoto. On s’inquiétait alors du réchauffement de la planète, mais il y avait un débat encore plus important sur l’existence même des changements climatiques. Heureusement, de plus en plus de voix reconnaissent que les changements climatiques sont réels. Cependant, à l’époque, nous nous souciions beaucoup du réchauffement de la planète, mais pas tellement des changements climatiques et de l’instabilité du climat. Nous ne nous préoccupions pas beaucoup des répercussions du climat instable, des inondations et de la sécheresse. Or, Jim Bruce, spécialiste des politiques de l’eau au Canada, se concentrait déjà sur l’une des vérités concernant les changements climatiques, qui est maintenant considérée comme une évidence: le lien entre les changements climatiques et l’eau, entre les changements climatiques et la sécheresse et les inondations.

Comme l’a dit M. Bruce: « Si les changements climatiques étaient un requin, l’eau serait ses dents. Comme un poisson qui ne remarque le requin qu’une fois qu’il en ressent la morsure, les humains ressentiront d’abord les effets des changements climatiques par l’eau. » Autrement dit, une crise climatique est une crise de l’eau. Jim Bruce a été le premier directeur du Centre canadien des eaux intérieures d’Environnement Canada, et lui et une poignée d’autres spécialistes canadiens de l’eau renommés d’Environnement Canada à l’époque ont été de véritables pionniers dans ce domaine. Je parle, par exemple, de Frank Quinn et de Ralph Pentland. Ralph Pentland a été directeur de la planification et de la gestion de l’eau à Environnement Canada pendant 13 ans, et il a aidé à négocier de nombreux accords entre le Canada et les États‑Unis, ainsi que des accords fédéraux-provinciaux relatifs à l’eau. Il était l’auteur principal de la Politique fédérale relative aux eaux de 1987.

Si nous avions besoin d’une preuve d’un lien causal entre les changements climatiques et la sécurité de l’approvisionnement en eau, l’histoire récente nous en fournit plusieurs. Au cours de la dernière décennie, l’Alberta a connu de grandes inondations dans des endroits comme Calgary, alors que les feux de forêt de Fort McMurray étaient une manifestation de la sécheresse. En Colombie‑Britannique, l’été dernier, un dôme de chaleur a tué plus de 600 personnes et provoqué des évacuations massives. Une chaleur excessive a fait fondre la neige en montagne et la glace, ce qui a entraîné des inondations record, la fonte du pergélisol et l’effondrement de routes dans le Nord. Dans le Sud, l’eau s’est évaporée trop vite à la fonte des glaciers en montagne, et il en est résulté un approvisionnement en eau insuffisant et une augmentation du prix des denrées alimentaires, tandis que des troupeaux de bétail étaient abattus, faute d’eau et de nourriture, exemple d’inflation non monétaire liée à l’offre.

Bien entendu, nous avons vu les résultats catastrophiques des pluies diluviennes en Colombie‑Britannique, ce qui m’amène aux rivières atmosphériques. Une rivière atmosphérique est un énorme courant de vapeur d’eau qui se déplace dans l’atmosphère. Il peut s’étirer sur 1 600 kilomètres et être large de plus de 640 kilomètres et, en moyenne, il transporte l’équivalent de 25 fleuves Mississippi. D’après un rapport de 2013 coproduit par le ministère de l’Environnement de la Colombie‑Britannique, les rivières atmosphériques se forment généralement dans huit régions océaniques du monde, certaines étant plus proches des côtes continentales que d’autres. Une de ces régions se trouve juste au large de la côte Ouest de l’Amérique du Nord et elle peut produire d’une dizaine à une vingtaine de ces rivières atmosphériques par an. Lorsque les rivières passent de l’océan aux terres, notamment dans des régions montagneuses comme celles de la côte britanno-colombienne, la vapeur d’eau se condense en précipitations et déverse parfois l’équivalent d’un mois de pluie ou de neige en l’espace de quelques jours.

Cela m’amène à John Pomeroy, de l’Université de la Saskatchewan. M. Pomeroy est hydrologiste, titulaire de la chaire de recherche du Canada en ressources d’eau et en changement climatique, et directeur adjoint du programme Global Water Future, qui est le plus important programme universitaire de recherche sur l’eau dans le monde. Il est mené au Canada, à Saskatoon, en Saskatchewan. M. Pomeroy s’attache à définir de meilleurs modèles de prévision informatisée des inondations et à intégrer ces modèles dans des systèmes d’alerte aux catastrophes. Il est convaincu que nous devons créer des systèmes ultramodernes de prévision et de gestion de l’eau et qu’il faut pour cela un leadership fédéral. Plus précisément, il nous faut un système national de prévision des inondations qui s’inspire de ce qui existe aux États‑Unis, sans nécessairement le reproduire à l’identique. Je précise qu’il ne doit pas nécessairement être identique parce que notre fédération est différente, avec des compétences et des considérations qui lui sont propres.

Je suis d’accord avec M. Pomeroy. Nous devons créer, en collaboration avec les provinces et les universités, des modèles gérés à l’échelon fédéral qui se concentrent sur les bassins hydrographiques pour les provinces, les villes, les Premières Nations et les utilisateurs industriels tels que les installations hydro-électriques.

En 2013, d’après M. Pomeroy, il existait déjà en Europe des modèles d’essai capables de prévoir qu’une inondation importante frapperait Calgary à la date précise où elle a frappé la ville. Cette prédiction a été faite deux semaines avant l’inondation. Comme l’Alberta, la Colombie-Britannique n’a pas pu prévoir correctement que les inondations de cette année seraient de cette ampleur avant que les routes soient emportées et qu’il y ait des victimes. Apparemment, les Américains ont fait nettement mieux avec leur système. Le programme Global Water Futures visera à améliorer le système américain moyennant une grande collaboration qui se met actuellement en place. Global Water Futures dispose de la capacité scientifique et technique nécessaire pour créer un système national de prévision des inondations ici, au Canada, avec l’aide des provinces, des municipalités et des collectivités autochtones.

Ce qui m’amène au discours du Trône. Comme je l’ai dit au début de mon intervention, la crise climatique est une crise de l’eau. Nous aurons besoin d’infrastructures pour nous adapter aux répercussions des changements climatiques sur l’eau, des infrastructures comme des barrages et des réservoirs qui pourront retenir l’eau quand elle arrive trop tôt au printemps et jusqu’au début de la saison agricole, lorsqu’elle devient nécessaire pour l’irrigation. Dans le discours du Trône, le gouvernement s’engage à adopter la toute première Stratégie nationale d’adaptation du Canada et à créer une agence canadienne de l’eau qui sera un centre d’expertise et de coordination des politiques sur l’eau douce.

Le discours du Trône doit être considéré parallèlement aux engagements relatifs à l’eau énoncés dans le programme électoral libéral. Ce programme promettait qu’un gouvernement libéral réélu « terminer[ait son] travail avec les provinces et les territoires afin d’élaborer des plans d’inondation pour les zones à risque élevé au cours des trois prochaines années ». Il est essentiel que les gouvernements fassent ce travail, plutôt que les sociétés d’assurance du secteur privé dont l’intérêt est manifestement différent. Le programme électoral promettait aussi qu’un gouvernement libéral réélu créerait « un portail national pour les inondations dans le but que les Canadiens disposent de l’information dont ils ont besoin pour prendre des décisions sur le lieu de construction de leur maison et de leur communauté, ainsi que sur la façon de les construire et de les protéger contre les risques d’inondation ».

Aux États-Unis, la Federal Emergency Management Agency et des entreprises privées comme ClimateCheck ont mis au point des cartes qui présentent les risques d’inondations et grâce auxquelles les utilisateurs peuvent vérifier s’il existe un risque d’inondation pour une adresse donnée. Nous aurons besoin d’infrastructure pour nous protéger des inondations et de la sécheresse, mais aussi d’assurances. Marketplace de la CBC dit ceci: « De 6 à 10 % des logements canadiens ne sont pas assurables actuellement à cause des inondations, et cette estimation pourrait grimper, car plus de sociétés d’assurance mettent à jour leurs évaluations des risques afin de tenir compte de la menace croissante des changements climatiques. » C’est pourquoi dans son programme électoral, le Parti libéral s’est engagé, s’il était reconduit au pouvoir, à « prendre des mesures visant à protéger les propriétaires de maison qui sont à risque élevé d’inondation et qui n’ont pas une couverture d’assurance suffisante grâce à la création d’un programme national d’assurance à faible coût contre les inondations ».

En conclusion, le gouvernement entend non seulement lutter contre les changements climatiques, mais il entend aussi, afin d’en protéger les Canadiens, se préparer à leurs conséquences qui, comme le dit M. Bruce, se manifestent dans le cycle de l’eau.

 

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