Francis Scarpaleggia
Francis Scarpaleggia
Député de Lac-Saint-Louis
Discours : prix sur le carbone
01 février 2024

Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, j’aimerais souligner que je crois qu’une erreur s’est glissée dans le libellé de la motion. Dans la motion, on demande au gouvernement libéral d’annuler la hausse de la taxe sur le carbone prévue pour le 1er avril.

Or, il n’y a pas de taxe sur le carbone. Il s’agit plutôt d’un prix sur la pollution. Je crois donc qu’on est en train d’induire en erreur la Chambre ainsi que les Canadiens et les Canadiennes relativement à cette question.

Pourquoi n’est-ce pas une taxe? Pour que ce soit une taxe, il faudrait que le gouvernement encaisse des fonds dans ses coffres dans le but de les dépenser dans des programmes ou de les investir dans l’avenir des Canadiens et des Canadiennes.

Or, ce n’est pas ce que fait le prix sur la pollution. Lorsqu’on parle du prix sur la pollution, on parle de recettes intermédiaires puisque ces recettes sont retournées aux Canadiens et aux Canadiennes. C’est ce qu’on appelle le mécanisme des prix, et c’est quelque chose que l’économiste Milton Friedman, lauréat d’un prix Nobel, appuyait comme mesure économique pour s’en prendre à la pollution.

Comment fonctionne-t-il, ce mécanisme, lorsqu’on parle du prix sur le carbone? C’est très intéressant. Il y a un peu de magie là-dedans. Lorsqu’on vient pour dépenser et qu’on voit que le prix est peut-être un peu plus élevé, on ne pense pas au fait qu’on va recevoir, sur une base trimestrielle, un dépôt du gouvernement du Canada dans son compte de chèque en guise de dédommagement. On regarde seulement le prix et on se dit que, étant donné que c’est un peu plus cher, on va en consommer un peu moins. On économise donc dans l’immédiat, puis, le 1er janvier, le 1er avril, et ainsi de suite, on se rend compte que de l’argent a été versé dans son compte de banque.

On se dit qu’on est chanceux deux fois, parce qu’on a économisé à la pompe et qu’on a en plus reçu de l’argent du gouvernement. C’est de cette façon que le prix sur le carbone fonctionne et c’est au cœur de son efficacité comme mesure pour combattre la pollution, en particulier les émissions de gaz à effet de serre.

Ce qui est très frustrant dans ce débat, outre le fait qu’on répète constamment les mêmes choses en se fondant sur une compréhension très symbolique et superficielle de ce qu’est la tarification de la pollution, ce sont les piètres arguments que l’opposition officielle avance au sujet de l’impact de la tarification de la pollution sur l’inflation et, plus particulièrement, sur les prix des aliments. Je tiens toutefois à rappeler que, selon de nombreuses études universitaires rigoureuses, l’impact de la tarification de la pollution sur les prix des aliments est minime.

Certes, nous savons que l’opposition officielle n’a aucun respect pour la Banque du Canada et qu’elle aimerait la mettre sous sa tutelle pour lui dicter sa politique monétaire, mais il n’en demeure pas moins que c’est une institution extrêmement crédible qui emploie les meilleurs économistes de notre pays. Que dit la Banque du Canada du lien supposé entre la tarification du carbone et l’inflation? Elle dit que la tarification du carbone représente environ 0,15 % du taux d’inflation global.

Il y a aussi l’Université de Calgary, qui, pour ceux qui ne suivent pas les écoles de pensée et les milieux universitaires au Canada, n’est pas ce que j’appellerais la Mecque du socialisme. Or, qu’a dit l’Université de Calgary au sujet du supposé lien entre la tarification du carbone et l’inflation alimentaire? Trevor Tombe, économiste à l’Université de Calgary, estime que la tarification du carbone — je l’appelle ainsi pour ne pas induire les gens en erreur, car il ne s’agit pas d’une taxe — est responsable de moins de 1 % des augmentations de prix à l’épicerie. Comment le professeur Tombe en est-il arrivé à cette conclusion? A-t-il simplement donné un chiffre au hasard, comme l’opposition officielle se plaît à le faire? Non. Il s’est servi d’un programme de modélisation de Statistique Canada. Je rappelle que certains des plus grands experts en économétrie du pays travaillent à Statistique Canada, comme c’est le cas à la Banque du Canada. Je ne sais pas si les députés de l’opposition officielle remettent en question l’intégrité et l’expertise de Statistique Canada, peut-être qu’ils le font, mais je dirais que le programme de modélisation de Statistique Canada est un instrument crédible, et c’est ce que le professeur Tombe a utilisé.

Il poursuit en disant qu’en Alberta, parce qu’il s’agit à bien des égards de l’Alberta et de l’industrie pétrolière, la tarification du carbone a fait augmenter les prix d’environ 0,3 %, ce qui représente 30 cents sur un billet de 100 dollars, au Manitoba, de 0,9 % et en Ontario, de 0,4 %. Ces chiffres proviennent d’études universitaires fiables et rigoureuses. Cependant, l’opposition officielle n’en parle absolument pas; elle nous propose plutôt une logique erronée axée sur des répercussions en cascade. Cela commence par l’idée que la taxe sur le carbone va faire augmenter le coût du carburant, qu’il en coûtera plus cher de conduire un camion, et cetera, et qu’en fin de compte, tout coûtera plus cher au magasin. Le fait est que ce raisonnement ne repose sur aucune logique fondée sur une analyse rigoureuse.

J’aimerais également parler de l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Selon des médias sérieux comme CTV News, et selon un article publié sur son site Web, un certain nombre de facteurs contribuent au prix élevé des denrées alimentaires.

Le premier tient aux changements climatiques. Des incendies dévastateurs continuent de faire rage à travers le Canada, détruisant des forêts et des terres agricoles. Utilisons une logique un peu simpliste que l’opposition officielle pourra peut-être comprendre. Si des terres agricoles sont détruites, qu’advient-il de l’offre de denrées alimentaires? Elle diminue. Le chef de l’opposition se considère comme un grand économiste, mais que se passe-t-il lorsque l’offre de nourriture diminue et que la demande reste la même? Qu’advient-il du prix? Il augmente. C’est la première cause de l’augmentation du prix des denrées alimentaires. C’est une question de logique élémentaire.

Ce qui est vraiment intéressant, c’est que les émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur agricole ne sont pas réglementées. Il n’y a pas de tarification du carbone dans ce cas. D’ailleurs, de nombreuses personnes m’ont écrit pour me dire qu’il faudrait tarifer les émissions de gaz à effet de serre provenant des terres agricoles, mais nous ne l’avons pas fait.

Quel est l’autre aspect qui pose problème pour l’approvisionnement en denrées alimentaires? Les députés peuvent-ils deviner le nom donné à l’Ukraine? On l’a appelée le grenier à blé de l’Europe. Je pense que ce pays traverse une période difficile, ce qui pourrait limiter la livraison de blé provenant de cette partie du monde. Une fois encore, si nous limitons l’offre face à une demande stable, voire croissante, nous obtenons des prix plus élevés.

Je ne sais pas pourquoi le chef de l’opposition officielle ne saisit pas cela. C’est un principe économique de base. Par conséquent, nous devons examiner les autres causes. La tarification du carbone n’est pas la cause de tous les maux de la planète, et il faut arrêter de dire une telle chose.

Ce que les députés de l’opposition officielle aiment faire constamment au moyen de ces motions de l’opposition, c’est de formuler des propositions bidons qu’ils réfutent ensuite sur les médias sociaux tout en prétendant être des héros. C’est tout ce dont il est question. Tout ce qui compte, c’est le nombre de visites sur les médias sociaux.

 

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