Madame la Présidente, tout d’abord, je tiens à dire que je vais partager mon temps de parole avec le député de Nepean.
Je veux commencer par dire que cela me peine de voir le Bloc et les conservateurs se disputer, alors qu’ils sont souvent sur la même longueur d’onde.
Je vais entrer au cœur de mon discours. J’aimerais examiner les suppositions qui sont à la base de cette motion. Selon la première, le gouvernement fédéral est un genre de monstre centralisateur qui tente d’étouffer les aspirations des Québécoises et des Québécois. C’est une trame qu’on entend depuis que je suis au monde.
Je vais donner des exemples concrets montrant que le fédéral tient à ne pas s’occuper de la gestion de tout, si c’est possible, même lorsqu’il s’agit de ses propres compétences. Il préfère déléguer des responsabilités aux provinces pour leur permettre de gérer leurs propres affaires, même s’il s’agit d’une compétence fédérale.
Prenons la Loi sur les pêches. C’est carrément une loi fédérale en vertu de la Constitution du Canada. Le gouvernement fédéral a signé une entente d’équivalence avec la province de Québec pour permettre à celle-ci de s’occuper de la mise en œuvre de cette loi et de ses règlements.
La Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre constitue mon deuxième exemple. On a douté de la compétence fédérale en la matière. Cela s’est rendu jusqu’à la Cour suprême. La Cour suprême a statué que la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre relevait bien des compétences du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral n’a pas dit qu’il voulait que cette loi s’applique à toutes les provinces pour s’ingérer dans les provinces et gérer cette loi. Le fédéral a tout simplement dit que, si une province avait un système équivalent — c’est notamment le cas du Québec et de la Colombie‑Britannique —, c’est son système qui serait en vigueur. C’est un deuxième exemple qui montre que le fédéral ne veut pas se mêler de tout.
Souvent, même quand il est question de sa compétence, le fédéral ne veut pas s’en mêler et préfère déléguer la responsabilité aux provinces. L’immigration est un autre exemple où le fédéral a fait de même. Le premier ministre Mulroney, qui était un grand ami de la députée de Beauport—Côte‑de‑Beaupré—Île d’Orléans—Charlevoix. Elle a parlé éloquemment, au moment de son décès, au sujet de son amitié. Elle chantait pour lui et sa famille. C’était très touchant. Le premier ministre Mulroney a conclu une entente avec le Québec pour permettre au Québec de décider qui serait résident permanent dans la province de Québec.
Oui, il y a de la centralisation. Il y a de la centralisation, mais c’est dicté par des facteurs pratiques et par la technologie. Par exemple, il fait beau dehors aujourd’hui. Parlons de la météo. C’est le fédéral qui s’occupe de la météo, parce que les prévisions météorologiques sont assez complexes sur le plan technologique. Cela demande beaucoup d’antennes paraboliques. Cela prend des systèmes extrêmement sophistiqués. Cela relève donc du gouvernement fédéral, mais ce n’est pas une centralisation qui tente d’étouffer les aspirations des Québécois. C’est une question pratique. Il est préférable que ce soit centralisé plutôt que chaque province ait son propre système de prévisions météorologiques.
Les communications sont un autre exemple. La population du Canada n’est pas très importante. Nous sommes 40 millions d’habitants. C’est à peu près la population de la Californie. J’ignore quelle est la population de l’État de New York ou de l’État de la Floride. Nous sommes peu nombreux, et nous faisons face à des géants du Web, à des grandes entreprises avec énormément de pouvoirs financiers et technologiques.
Au Canada, nous avons un contrepoids, qui s’appelle le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC. Le Conseil tente de protéger les intérêts culturels du Québec et du reste du Canada en s’opposant, dans certains cas, aux géants du Web. Il y a beaucoup d’exemples qui démontrent que la centralisation n’est pas une mauvaise chose. Il y a d’autres exemples où l’on peut voir assez clairement que le fédéral, même si cela relève de sa compétence, préfère que les provinces s’occupent de l’administration des dossiers.
J’aimerais aussi parler du point b) de la motion, où on demande que la Chambre « rappelle au premier ministre que, malgré ses affirmations, il est faux de prétendre que “les citoyens se foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi” ».
Ce constat n’est pas très nuancé, et, pour y répondre, je dirais que c’est vrai dans certains cas, mais faux dans d’autres cas. Lorsqu’on parle de l’éducation primaire et secondaire, en effet, les Québécois et les Québécoises et les citoyens des autres provinces tiennent mordicus à ce que le fédéral ne s’en mêle pas. Le fédéral ne veut pas s’en mêler. Il n’y a aucun problème.
Or, les citoyens présument que l’éducation postsecondaire est une affaire provinciale. Toutefois, pensons à ce que fait le gouvernement du Québec à l’Université Concordia et à l’Université McGill. Le gouvernement caquiste, à Québec, est en train de miner l’Université McGill, qui est la 28e meilleure université au monde. C’est une université fièrement québécoise, que beaucoup de Québécois de langue française fréquentent. Si les gens étaient au courant de ce qui se passe entre McGill et le gouvernement du Québec, je pense qu’ils demanderaient l’ingérence du gouvernement fédéral, une ingérence financière, si je peux dire. Ils demanderaient que le fédéral injecte des fonds pour pallier le gouffre. J’allais utiliser le mot « lacunes », mais c’est un gouffre que le gouvernement provincial est en train de créer.
Je pense que le monde des affaires, surtout le monde de la haute technologie, demanderait que le fédéral s’en mêle financièrement parce que ces secteurs dépendent de la recherche pour avancer. La prospérité québécoise est beaucoup axée sur la santé du secteur de la technologie. De plus, on sait que le monde des affaires au Québec a des craintes relatives à l’offre de main-d’œuvre.
J’aimerais maintenant parler de la pandémie. Que s’est-il passé pendant la pandémie? Le fédéral a utilisé son pouvoir de dépenser pour offrir ce qui était en fait une assistance sociale à beaucoup de citoyens et, en passant, à beaucoup d’entreprises. Des milliards et des milliards de dollars ont été versés. On ne s’est pas plaint à ce moment-là. Le gouvernement de M. Legault ne s’est pas plaint d’une ingérence du gouvernement fédéral.
On ne se plaignait pas à ce moment-là et je n’entends pas de plaintes de la part de Québécois et de Québécoises concernant le programme national de soins dentaires. C’est vrai que, dans certains cas, les Québécois et Québécoises tiennent mordicus à ce que la compétence provinciale soit respectée, mais, dans d’autres cas, ils veulent que leurs intérêts priment et que l’on s’occupe de leurs besoins.